Depuis l’exploration de ses archives photographiques personnelles qu’elle assemble à des objets familiaux symbolisant la culture Polonaise et qu’elle combine à différentes matières organiques (cire, plâtre, verre, tissu, bois et bitume de Judée), Alicia Zaton crée des œuvres hybrides fonctionnant comme des reliques. Productrices de fictions, elles constituent le fragment d’un parcours biographique démystifié et intemporel au sein duquel l’artiste manipule les souvenirs, fragilise les croyances, universalise son héritage culturel et reconfigure la mémoire. Cette réalité-fictionnelle dont elle fait état s’illustre dans son processus de mise à distance de ses documents et objets d’archives soit par leur anoblissement à l’image de Sciera – une œuvre pérennisée par sa mise sous verre– soit par leur avilissement comme Ikon et Matka montrant des représentations de la vierge contrite dans sa fonction par le bitume de Judée ou partiellement convoquée à cause d’une mise en abime sculpturale des drapées.

En écho à sa procréation biographique, Alicia Zaton remodèle les représentations traditionnelles de la maternité en dressant une topographie des gestes et regards maternels depuis les empreintes laissées sur un torchon aux souvenirs d’une étreinte en passant par la concoction de recettes ancestrales. Cette appropriation fictionnelle de la transmission lui permet de bâtir sa propre arborescence dans laquelle la reproduction des archétypes familiaux est dé-familiarisée et les œuvres deviennent de nouveaux outils sociologiques perturbateurs de tradition.

En somme, une ossature expérimentale et transformable à l’infini qui rejoint celles de Caluje par son impalpabilité et Duch : une structure en bois passé reprenant synthétiquement le dessin de deux maisons imbriquées l’une dans l’autre à l’image d’une étreinte et qui ne laisse entrevoir que le dessin dans l’espace d’une potentielle maison sans seuil et sans mur dont le schème a-normé ouvre sur le monde extérieur en perpétuel mouvement.


Through an exploration of her personal photographic archives, which she assembles along with family objects symbolizing Pol- ish culture and combines with different organic materials (wax, plaster, glass, fabric, wood, and Jew’s pitch), Alicia Zaton creates hybrid works that function as relics and produce stories.
They constitute the fragment of a timeless and demystified biographical journey through which the artist manipulates memories, weakens beliefs, universalizes her cultural heritage, and reconfigures remembrance.
This fictional reality that she states is illustrated by a distancing from her documents and archival objects, either through their ennobling, as with Sciera – a work made durable by putting it under glass – or through their debasement, like Ikon and Matka which show representations of the Madonna chastened in her function by Jew’s pitch or partially convoked with a sculptural mise en abîme of drapings.

Echoing her biographical procreation, Alicia Zaton remodels traditional representations of maternity by creating a topography of maternal gestures and gazes, from the imprints left on a rag, to the concoction of ancestral recipes, to the memories of a hug. This fictional appropriation of transmission allows her to build her own arborescence in which the reproduction of family arche- types is de-familiarized and the works once again become socio- logical tools that disturb tradition.

In short, an infinitely transformable experimental framework that rejoins those of Caluje through its impalpability, and Duch, a structure made of old wood that synthetically reuses the design of two houses interlocking in the image of an embrace that re- veals only an outline in the space of a potential house with neither thresholds nor walls, and whose de-normed blueprint opens up on an exterior world in perpetual movement.